LVMH, Prada et Cartier s’unissent autour de la Blockchain et créent Aura.
L'industrie du luxe prête à collaborer autour de la blockchain
Par Friha Bellakhdar.
Il y a deux ans déjà , LVMH, Richemont (Cartier) et Prada s’étaient lancé dans la Blockchain en scellant un accord avec ConsenSys et Microsoft dans l’objectif de contrer les problèmes d'authenticité qui se posent souvent lors de l'achat de produits de luxe et d'accroître la confiance des clients dans les pratiques durables et l'approvisionnement des marques.
Aujourd’hui, ces trois marques de luxe se sont officiellement accordées pour développer le consortium Aura Blockchain, un format numérique sécurisé ouvrant « la voie en matière de transparence et de traçabilité. » selon Toni Belloni, directeur délégué de LVMH.
POURQUOI LA BLOCKCHAIN?
En Europe, le marché de la contrefaçon et des utilisations illégales d’œuvres susceptibles de protection par le droit de la propriété intellectuelle s’élève à plusieurs millions d’euros. L’utilisation illicite de ces produits entraîne principalement trois conséquences majeures : des pertes financières, une perte de sécurité pour le client ou l’utilisateur et un dommage à la marque ou la maison d’édition.
Si la blockchain attire, c’est parce qu’elle dispose de qualités lui permettant d’accroître considérablement la visibilité et la disponibilité des informations sur la propriété d’un droit d’auteur et empêcher les atteintes aux droits de la propriété intellectuelle. En effet, cette technologie permet le stockage et la transmission d’informations de manière transparente, sécurisée et décentralisée.
Sa garantie de transparence s’explique par le fait que le registre reprend l’historique des toutes les transactions passées, et est consultable par chaque utilisateur du réseau. Cette transparence accorde la possibilité de parcourir les échanges de valeurs au sein de la chaîne en temps réel. La confiance en la Blockchain résulte également de la fiabilité de deux procédures conjointes utilisant des algorithmes de cryptage. La première procédure repose sur l’utilisation, par l’émetteur, d’un système de cryptographie asymétrique qui est constitué d’une double clé. La clé publique est connue de tous alors que la clé privée ne l’est que par son titulaire. Le concentré du message (=la transaction) est crypté grâce à la clé publique du destinataire et la clé privée de l’émetteur dont celui-ci doit s’assurer de sa confidentialité. Cette cryptographie permet de garantir l’origine et l’intégrité du message, la transaction peut ainsi être décodée par le récepteur du message, ce qui en fait un système à la sécurité infaillible.
LE FONCTIONEMENT DE L’AURA BLOCKCHAIN CONSERTIUM
L’absence d’un organe de contrôle au sein de la Blockchain est une caractéristique attrayante pour l’industrie du luxe. Concrètement, cela signifie que les informations inscrites dans la chaîne sont distribuées sur tous les ordinateurs du réseau et ne sont pas stockées sur une unique base de données centrale, accessible exclusivement par le gérant de cette base de données.
La technologie Aura Blockchain Consertium fait correspondre un identifiant de produit à un identifiant de client, fournissant l’infrastructure, par le biais d’une chaîne de blocs numériques sécurisés et non reproductibles, qui permet aux consommateurs d’accéder à l’historique du produit et à la preuve de son authenticité à chaque étape de la chaîne de valeur, des matières premières au point de vente. La Blockchain privée enregistre les informations de manière sécurisée et non reproductible et génère un certificat numérique unique conservant la trace de chaque transaction.
Une coopération sans précédent
Cyrille Vigneron, PDG de Cartier international et membre du comité exécutif supérieur de Richemont félicite l’alliance des trois forces en affirmant que «Le Consortium Aura représente une coopération sans précédent dans l’industrie du luxe. Blockchain est une technologie clé pour améliorer le service client, la relation avec les partenaires et la traçabilité» et invite l’ensemble de l’industrie à faire de même «pour concevoir une nouvelle ère du luxe rendue possible par la technologie Blockchain.». Ce dernier souligne qu’une telle initiative était essentielle car, «l’industrie du luxe crée des pièces intemporelles et doit s’assurer que ces normes rigoureuses perdureront et resteront entre des mains dignes de confiance».
Le recours à la Blockchain comme technique de renforcement de la traçabilité et de lutte contre la contrefaçon n’est toutefois pas nouveau. L’industrie de la mode s’est déjà intéressée à la question auparavant. À titre d’exemple, Nike a déposé le 10 décembre 2019, un brevet transformant ses sneakers en jetons Ethereum. Quelques mois plus tard, Nike, PVH Corp (Tommy Hilfiger, Calvin Klein) ainsi que HermanKay ont procédé à une démonstration de concept du système dit infaillible de la Blockchain en utilisant la technologie des radio-étiquettes (Tags RFID) pour assurer la traçabilité de produits au sein d’une chaîne d'approvisionnement.
La technologie Blockchain a donc bien le vent en poupe, mais suscite la méfiance de certains. Tandis que l’appel à la collaboration du PDG de LVMH au service de la transparence et de la traçabilité des produits est clair, il reste à voir si d’autres groupes contribueront à ce passage à une nouvelle ère du luxe…